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Le 23/02/2007, 01h12

Humanoïde



Sommes-nous humains ?

Cette question, posée par trois fois sur son blog par son altesse sérénissime PrincessH il y a quelques temps maintenant (oh, p...! presque un an), m’avait ramené à mes propres réflexions sur le sujet (une partie de ce texte date de ces posts). D’ailleurs, à cette simple question, je peux vous l’avouer tout de suite, ma réponse est "oui".

Citons pour commencer le début de l’article de Wikipedia consacré à l’humain (1) :
Homo sapiens, communément dénommé humain, est une espèce d'hominidé bipède et le seul membre du genre Homo qui n'ait pas disparu. On désigne l'espèce entière sous le nom humanité et on peut aussi employer Homme (avec une majuscule) pour parler des caractères généraux de l'espèce.

A la lecture de ces deux phrases, ma réponse est incontestable. Mais la page en question commence par une mise en garde : Cet article porte sur l'homme en tant qu'espèce animale. Pour les autres significations du mot...

Les autres significations... On aurait donc attribué d’autres significations à ce qui ne représente, somme toute, que l’ensemble des individus d’une espèce animale. Et ce serait de là que viendrait l’ambiguïté de cette question, le fait même que l’on puisse la poser.

Cela suppose donc qu'il existe une autre définition de l'humain qui aille au delà de la simple définition d'espèce, une définition qui distingue l’homme de l’animal. Et on arrive là sur un champ où les philosophes ont fini par se casser les dents.

Aristote définissait l'homme comme un animal politique (au sens : qui vit dans la cité), ayant un langage et sachant distinguer le bien du mal. L'homme devient humain en vivant dans la cité. Ca n'est autre que la définition d'une culture. Mais d'une culture à l'autre, les conventions de la vie en cité changent, le langage (ou l'absence de langage) diffère et les notions du bien et du mal peuvent être diamétralement opposées.

Pascal concevait bien un homme sans pied, sans main voire sans tête, mais pas sans pensée, sans quoi ce serait une brute. Le courant humaniste propose un "modèle humain" défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives, caractéristiques de la "nature humaine" (l'humanisme est un courant de pensée idéaliste et optimiste qui place l'Homme au centre du monde, et honore les valeurs humaines).

Mais chacune de ces définitions caractérise un certain nombre d’individus et en exclut d’autres : ceux qui vivent hors de la cité pour Aristote, la brute de Pascale, ceux qui ne correspondent pas aux normes sociales en vigueur. Que dire d'une définition qui commence par exclure une partie de ce qu'elle cherche à définir ? Qu’elle ne définit en fait rien.

On s'approche ainsi de la même conclusion que les existentialistes qui, avec Sartre, déclarent que l'homme n'a pas d'essence : parler de nature humaine est un non-sens. Pour eux, l'homme naît libre et responsable de ses actes et ce sont ses actes qui le définiront.

La philosophie le dit donc : il n’existe pas de nature humaine. Mais l’aspect raisonné, s’il est le plus intéressant, n’est pas la principale source de confusion. Cette dernière vient bien sûr de l’influence des grandes religions monothéistes selon lesquels l’Homme a été créé par Dieu, et à son image. Il devient facile, dès lors, de le parer des hautes vertus que l’on disait divines : bonté, miséricorde, amour du prochain... Et que dire contre ça sans craindre de terminer en méchoui sur le bûcher ?

On comprend bien qu’avec de tels ascendants, religieux ou humanistes, la définition purement anthropologique proposée tout à l’heure ait encore du mal à se faire accepter de nos jours ; elle m’a value une grosse engueulade, un jour, avec des collègues. Mais, en tout état de cause, la question de son altesse doit en fait être décomposée selon tout ou partie de ses sous-entendus essentiellement judéo-chrétiens : sommes-nous bons ? Sommes-nous généreux ? Aimons-nous notre prochain comme nous-mêmes ? etc.

D’expérience, il nous est impossible de répondre par l’affirmative à aucune de ces questions, en tous cas pas en généralisant à l’humanité entière. Certains individus le sont, par prédispositions naturelles et/ou par éducation, le sont entièrement (rares) ou partiellement (un peu de générosité, mais pas tous les jours, un peu d’altruisme si ça ne doit pas prendre trop de place). Certains... On ne fait que confirmer la conclusion philosophique.

Ainsi, à la question "sommes nous humains ?", je réponds "oui, car membres de l’espèce humaine, et à défaut d’autres définitions possibles de l’humanité". Quant à la question : "l’homme est-il bon ?", Moebius y a déjà répondu depuis trente ans. Et sa réponse est sans appel... :-)



Sources :
Cours de philosophie sur la nature humaine
Sur Wikipedia, Homo sapiens et Humanisme
Sarte et l'existentialisme, un peu partout sur le net...


(1) : depuis, cette page est devenue celle de l'Homo Sapiens.



- Pas de tag -
"On s'approche ainsi de la même conclusion que les existentialistes qui, avec Sartre, déclarent que l'homme n'a pas d'essence" en tous les cas, toi, tu as une trappe sur le cou :D
le 23/02/2007 à 9:22
Very interesting la note de ce jour, mais comment résumer en quelques lignes un sujet si vaste.
Alors en un mot Ouiiiiiiiiii je crrrrrrrrrois en l'homme !

ps - jolie photo, mais que signifient ces ronds et ce carré sur le coup du beau gosse ?
le 23/02/2007 à 10:19
max > :) c'est pour ça que je n'avance plus...

Pascale > si c'était facile à résumer, elle ne serait pas si longue, hein :)
(ps : évocation androïde)
le 23/02/2007 à 12:47
"Les hommes sont des anges déchus. Mais il y en a parmi eux qui sentent encore la démangeaison des ailes."
Platon

j'âme bien ton "Cite" ;)
éClairdeLune
ClairdeLune
le 23/02/2007 à 12:58
Alors robotisation = aliénation ... ?
J'aime beaucoup ton sujet du jour, dommage, je dois filer... :-(
le 23/02/2007 à 13:21
vous pouvez répéter la question ?
sinon moi çà va, je respire, je mange, je bois, je dors .... je vis !
le 23/02/2007 à 14:15
je crois aux majorités positives... et puis sans le contraste avec le mal, comment définir ce qui est bon :)
le 23/02/2007 à 14:35
ClairdeLune > les anges n'ayant pas de sexe, fait l'expérience de recoller ses ailes à un homme et il ne se sentira plus pisser... :-)
Bienvenu ici et merci.

Pascale > ah non, 'androïde' ne veut pas dire 'alien'. Tu files ? Les fileuses sont devenues rares de nos jours :-)

véronique > tu me vois ravi de ces bonnes nouvelles :)

krysalia > les majorités positives ? Va voir "Le dernier roi d'Ecosse" (la joie populaire quand il arrive au pouvoir), repense à la monté des fascismes ou, à peine moins grave, aux deux élections de Bush Jr (et tant d'autres exemples). Ca ne marche pas tout le temps...
le 23/02/2007 à 15:58
tu vois quand tu veux tu bosses tes notes :p
on pourrait élargir le sujet déjà vaste à se défini t'on par l'être ou l'avoir...
plus proche de Sartre dans le cas de figure posé.
Irrémédiablement humaine avec un brin d'humanité :)
le 23/02/2007 à 16:00
et cette photo me rappelle qu'on n'est branché qu'à un fil ;)
le 23/02/2007 à 16:01
un fil de soi , oui luna au claire de la lune ....
freebourg from
le 23/02/2007 à 16:23
Lunaba > à ce sujet, j'avais été étonné par un point de la langue polonaise : pour dire "il y a", elle utilise 'être' et pour dire "il n'y a pas", 'avoir'. Ca dénote quoi, à ton avis ?
le 23/02/2007 à 16:25
freebourg > "un fil de soi" :-) joli
le 23/02/2007 à 16:27
Frez , l'univers des possibles n'est pas une allégorie , il me semble , ni une imposition , il va de soi aussi.
ce qui est possible à mon avis ,(amha comme dirait chez pas qui) c'est l'envie. et c sure que l'envie dans un lieu de mort , ça ne donne pas forcément envie d'en rajouter mais simplement de s'évacuer au travers des univers allégoriques, la réalité pour moi est tout autre et c bien dommage.
freebourg
le 23/02/2007 à 16:28
Bon ben, j'ai tout faux alors, sauf que je ne suis
pas fileuse, mais p'tête bien ... filoute ! :-))))
le 23/02/2007 à 20:42
...pas l'temps de rajouter ma-modeste-pierre à la conversation ,mais quand même,
....ça sent bon l'Humain ,par chez Vous!

Bonne soirée ,FreZ
(et aux autres Bipèdes aussi!)
le 23/02/2007 à 21:32
Suffit juste de lui coller une "Elle" parfois ;)
...
Clairdel'Une en passant...
ClairdeLune
le 24/02/2007 à 1:37
j'aime beaucoup ton montage photo . Quant à la question, j'ai l'âge où cela devient inutile de chercher des réponses à ce genre de question. L'homme existe, je l'ai rencontré et basta!! faut faire avec!!
le 24/02/2007 à 3:40
freebourg > oui, l'envie, c'est la pulsion, la force de vie, c'est ce qui nous fait avancer (même au milieu d'un cimetière).

Pascale > je conserve ce qualificatif te concernant :)

lily > humains de tous pays, venez boire un coup au café (chanter, danser et parler ensemble) (et dessiner sur les nappes en papier :-) )

ClairdeLune > c'est vrai, avec le double effet paradoxal de le faire décoller tout en l'ancrant bien au sol. :-)

lasiate > merci. Tu es grand sage parmi les grands singes :)
le 24/02/2007 à 11:51
Café-philo en ce moment ;)
Humain, élément particulier d'une ensemble appelé humanité.
Dommage que souvent l'addition ne donne pas un résultat positif...
le 24/02/2007 à 16:11
Ah oui, super photo :)
le 24/02/2007 à 16:13
L'homme est humain parce qu'il aime, non ? Même le dernier des imbéciles peut tomber amoureux chez nos congénères...on ne sait pas trop pour les animaux, on parle de tendresse, et c'est bien probable, pourquoi l'homme aurait-il l'apanage de l'amour ? Mais il n'en reste pas moins que c'est l'amour qui le rend humain...qu'est l'homme sans amour ? une machine, un robot : relire le Meilleur des Mondes de Huxley !
le 24/02/2007 à 18:48
anouschka > le pluriel ne vaut rien à l'homme (chantait Brassens) (et merci)

chrixcel > "L'humain est un homme qui aime". Mais qui aime quoi ? Ses congénères ? Les animaux ? Les plantes ? Lui-même ? L'argent ? Faire souffrir ?
Je pense que les (autres) animaux aiment aussi. Mais ils ressentent sans intellectualiser et ne cherchent pas à attribuer cet amour à un créateur divin.

L'amour de l'autre (en général) serait sans doute la solution à tous les problèmes sur Terre. Mais le simple fait de dire ça montre bien que l'homme n'aime pas... assez.
le 24/02/2007 à 22:24
ah je me suis mal exprimée peut être, sur ces majorités positives :)
j'entendais par là le fait que je ne crois pas que l'homme soit bon par nature, mais qu'une majorité des hommes soient bons. ce qui n'empêche pas que les mauvais font beaucoup plus de tapage ...
le 02/03/2007 à 14:54
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