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Le grand blanc >>

Le 24/01/2012, 23h15

Est-ce bien sérieux ?




Si les bonnes résolutions de nos gouvernants venaient à se transformer en loi, il deviendrait encore plus difficile d'étudier dans notre bon pays...



Non mais, sérieusement...
Vous en avez pensé quoi, du vote unanime de notre assemblée (représentée par une quinzaine de parlementaires seulement à ce moment) prenant position pour une abolition de la prostitution ? En proposant quoi en échange ? Ben, l'abstinence. On peut se retenir, on n'est pas des bêtes, tout de même.

Ça m'a paru une telle énormité, quand j'ai entendu ça... Présenté en plus comme un vote à l'unanimité, j'ai eu l'impression de voir le monde marcher sur la tête. J'ai été un peu rassuré quand, le soir même, j'ai assisté au lynchage verbal et télévisuel d'un de ces députés par un parterre de quidams, allant d'un consommateur de prostitution assez médiatique à un biologiste (que faisait-il là, déjà ?) en passant par un membre d'Act-Up ou une prostitué qui réclamait à pouvoir travailler en paix.

Oui, parce qu'il existe aussi des prostitués qui assument leur activité et cherchent à pouvoir continuer à l'exercer. Le problème, et c'est là le terrain des abolitionnistes, c'est qu'elles ne représentent guère plus de 25% du lot. L'immense majorité a été installé dans la rue par des réseaux, effectivement dans la violence, contre leur volonté et dans des conditions de vie et d'exercice guère envieuses. Ça, qui pourrait ne pas être contre ? C'est certain.

Mais, si on va par là, il existe des gens (souvent étrangers également) travaillant et vivant dans des conditions déplorables (dans notre pays aussi), exploités par des personnes sans scrupule. On le sait. A-t-il été question d'interdire le travail pour autant ? La proportion n'est peut-être pas la même, mais dans ce cas, on cherche à s'en prendre à leurs bourreaux. Car c'est bien là le problème : la violence, la contrainte, l'exploitation. Et ça dans les deux cas.

Mais prétendre faire disparaitre la prostitution et son cortège de malheurs en pénalisant (et donc dissuadant) les consommateurs est une aberration. Ça ne rendra que plus précaire encore l'exercice de cette activité, qui sera repoussé toujours plus loin des centre-villes, dans des endroits toujours plus cachés et donc plus dangereux pour les pratiquant(e)s. Car, contrairement à ce que notre héritage judéo-chrétien a gravé profondément au fond de l'esprit de ces parlementaires, nous sommes bien des bêtes, membres d'une espèce sexuée, pourvus biologiquement de besoins, et dont l'évolution intellectuelle est loin d'avoir simplifié ses rapports au sexe. La prostitution existera tant que des hommes (et des femmes) ne trouveront pas autour d'eux de quoi satisfaire ces besoins et qu'ils trouveront ailleurs quelqu'un acceptant de leur vendre un tel "service".

Personnellement, je vois bien une autre façon, vraiment efficace celle-ci, pour faire disparaitre la prostitution : c'est la généralisation de l'amour libre. Si tout le monde couche avec tout le monde gratuitement, plus besoin de payer, donc plus d'argent à se faire, donc disparition des réseaux et des maltraitances faites aux femmes qui en sont les victimes. Bon, les prostitués sans mac y perdent leur boulot, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde non plus... :)

En fait, après réflexion, j'ai fini par voir dans ce coup des députés une réaction aux affaires Strauss-Kahn, celle de New York mais aussi celle du Carlton de Lille. Alors que cette dernière dévoilait un réseau de prostitution de luxe loin d'avoir pour seul client ou bénéficiaire l'ancien patron du FMI, ce groupe de députés a voulu briser un vent d'"ils en profitent tous" qui soufflait dans les esprits.

Mais je peux me tromper...



- Mots clés : Dessin, Blabla, Prostitution -
Abolition du "plus vieux métier du monde" ? Naïveté, hypocrisi,e ou bêtise ahurissante ?
Quand je passe rue St-Denis, et que je vois ces dames qui ont l'air d'avoir 40 ans de trottoir ou plus, qu'est-ce qu'on va leur proposer pour gagner leur vie? Caissières à Monop' ?
Sur quel marché du travail peut-on compter quand on est un(e) ex-prostitué(e), dans une société où il n'y a déjà pas assez de boulot ?

Moi, je trouve qu'on ferait mieux de leur donner des statuts légaux ! Profession libérale, maison close contrôlée par les autorités, ou je ne sais pas quoi, suivant ce que les professionnels du sexe souhaitent ... Ils sont bien les mieux placés pour savoir ce dont ils ont besoin !... ou même les chèques emploi service, tiens ! Après tout, c'est un service à la personne, et des gens qui n'auraient aucune vie sexuelle sans les professionnels, y'en a plein...

Bref, mon avis c'est : légalisons, donnons-leur des outils pour exercer leurs professions légalement, aidons-les à se protéger de la pègre ou des clients cinglés, et foutons-leur la paix....

le 25/01/2012 à 0:43
PS : en plus, moi, je m'en fous que les gens aillent voir des prostitué(e)s, de luxe ou pas, du moment que personne n'est forcé ou maltraité...
Et comme je l'ai dit récemment une amie qui me disait qu'elle ne supporterait pas d'apprendre que son chéri est allé voir une prostituée : "Ton couple risque moins avec une professionnelle, qu'avec une collègue de bureau ou ta meilleure copine... "
le 25/01/2012 à 0:50
princessH › ton altesse démontre une fois de plus l'étendue de la sagesse dont elle sait faire preuve... ;)
le 25/01/2012 à 13:57
J'espère qu'il n'y aura pas d'affaire "café de Frez" comme il y en a une pour le Carlton. :-)

Pour le reste, je pense que c'est bien l'exploitation qu'il faut combattre et peut-être aussi le mal être qui pousse à ce genre d'extrême.

Pa ailleurs, l'interdit est émancipateur c'est Freudien. Si je prend l'opposé de ta proposition libertaire on pourrait imaginer qu'il n'y ait que des rapports payants dégagés de tout engagement amoureux ou autre (en fait c'est plus tendance dans une société libérale non?). Ton modèle risque aussi de poser des pb à ta petite étudiante en lui faisant une concurrence "à l a freetatoucompri" du coup. J'en profite pour saluer ce bon dessin de presse.

Je ne me prononce même pas sur cette notion d'abolition tellement c'est pitoyable.

Et puis arrêtons de toujours nous en rabattre avec notre héritage culturel et religieux. Il n'y a pas de société ou de religion qui ait correctement traité le sujet alors faut continuer à chercher. Au passage dans notre héritage on a la première prostituée réhabilitée par la religions en la personne de Marie Madeleine. Je ne suis pas spécialiste mais il me semble qu'il n'y ait pas beaucoup d'équivalent.

A+
le 26/01/2012 à 10:30
à mon humble niveau, je trouve ça totalement crétin. déjà l'unanimité de 15 péquins pétris de sottise et aux oeillères bien figées...
mais franchement, qu'ont-ils tous à s'en prendre au "plus vieux métier du monde". croient-ils vraiment pouvoir l'abolir ?
je préfère franchement savoir que ces dames existent et font leur métier (dans les meilleures conditions possibles étant un idéal rêvé) de façon à libérer les pulsions de beaucoup de ces messieurs, plutôt que de les voir (les messieurs) agresser la première minette venue (et là, je ne peux m'empêcher de penser à ma fille, ou à ma personne) sous le prétexte que si elle est en jupe, c'est que c'est une salope, et que si elle porte un short en été, c'est bien pour se faire sauter.
ces messieurs pétris de suffisance qui ont voté à l'assemblée, auraient-ils jusque là fait l'amour uniquement par désir de satisfaire l'autre ? j'en doute, j'en doute fort
[c'est malin, suis toute énervée, maintenant...]
le 27/01/2012 à 12:55
...
le 29/01/2012 à 15:35
Msei B.D. › mon angle d'attaque de notre héritage judéo-chrétien portait sur l'image de l'homme (humain) qu'elle véhicule : au dessus de la nature, supérieur... ce qui lui rend très difficile de le voir prisonnier des contraintes, des mécanismes naturels, biologiques tel qu'il l'est en fait.

MiC › si tu veux, je te sers une petite camomille. Ça peut t'aider à te calmer :)

Lunaba › ça demande à être explicité... :)
le 29/01/2012 à 21:17
Je partage entièrement le point de vue de Lunaba, si j'ai bien compris, le débat est pratiquement insoluble ! Parce que, pour avoir eu l'occasion de rencontrer une ou deux fois des "indépendantes", je ne crois pas qu'elles soient si contentes que ça de leur "métier", et elles craignent beaucoup le client dangereux. Bien sûr, il y a leur rôle "social", mais ça n'a jamais empêché les attaques des détraqués, ma toute bonne. Et il est inutile d'attaquer notre système judéo-chrétien (bien pourri, j'en suis d'accord), parce qu'il y a d'autres systèmes religieux qui abondent dans le même sens, le but des hommes (masculins) étant toujours de dominer l'autre moitié de la race humaine. Alors l'amour libre ? Bien sûr, mais on y est quand même pas mal, à condition que la liberté soit vraie et qu'une femme ait le droit de dire "non" à tout moment (ou un homme aussi d'ailleurs). Oui, finalement, moi aussi, je pourrais écrire ...
Mère de MiC
le 30/01/2012 à 8:43
Même si je n'exerce pas ce métier, j'ai parfois l'impression de me prostituer en donnant mon corps plus de 220 jours par an pour un salaire...
Je concède que ce n'est pas la même chose, que mon boulot n'est pas d'être payé pour un acte sexuel.
Dans le même ordre d'idée, que dois-je penser des personnes qui se prennent des doses de radiations dans les centrales ? De ceux qui exercent un métier mettant en péril leur santé (ex : tester des prototypes de médicaments) ?
A la limite, ceux là ont la "chance" d'être dans un cadre légal, contrôlé de temps en temps. C'est peut-être ce qu'il manque à la prostitution, un cadre légal. Mais je ne suis pas persuadé que cela mettra fin au coté sombre de ce métier...
flx
le 31/01/2012 à 0:52
Rappelons nous que dans quelques mois, c'est la Presidentielle...

Et tout le monde sait que, au moment des erections, les putes en prennent toujours un coup! (je dit ca, mais j'ai le plus grand respect pour ces Dames et Messieurs - c'etait juste pour le rythme de la phrase)

Ceci dit, c'est simplement pathetique.
Vous mettez ensemble une femme dans le besoin (de manger, de nourrir ses enfants, de se construire un avenir, ...) un homme qui a les moyens, la gaule et peu de scrupules, et vous avez les conditions ideales pour faire 'fleurir' la prostitution.

Si vous voulez eradiquer l'effet, attaquez vous aux causes - par example, debrouillez vous pour que les femmes ne soient pas dans de tels besoins qu'elles se sentent contraintes a vendre leur intimite (que les mecs n'aient plus la gaule ca sera ... rrhmmm... plus dur! - plus de scrupules ce sera peut etre possible)

A titre d'illustration, je fais beaucoup d'aller-retour a Shanghai, en Chine.
La prostitution y est totalement illegale et interdite. Officiellement elles est inexistante.
Cependant je peux vous assurer que cette ville vit sur le commerce du sexe.
Sortez le plus innocemment possible un soir entre amis, au restaurant, prendre un verre, dans un quartier chicos (ou pas).
On vous proposera, discretement, mais sans equivoque et de maniere repetee, pour tant que vous soyez male, toutes sortes de services visant a vous aider a vous separer de quelques unes de vos gametes (et de quelques yuan).

Donc les gesticulations nauseabondes de quelques gerontes impuissants en quete d'une popularite mal acquise n'amelioreront jamais la vraie vie de celles (et ceux) qui n'ont plus que leur sexe pour sortir de la misere.

Moi j'aime bien la proposition de Frez a propos de l'amour libre... qui est partant? :)
Marcoz
le 31/01/2012 à 2:08
Intéressant ton point de vue sur la supériorité de l'humain sur le biologique. Je ne pense pas que ce soit une spécificité culturelle occidentale. La nature de l'être humain le met un peu à part de par sa capacité à analyser, comprendre et modifier ce qui l'entoure et donc son propre comportement. L'art en est une manifestation. Et si on peut transformer les matériaux pour évoquer des émotions, il n'y a pas de raison qu'on cherche à modifier son comportement dans le même but. Sans doute que faire l'amour comme une bête ne nous satisfait pas pleinement. On est un petit animal fragile de la création et on a besoin de se sentir fort. On est là que depuis 70000 ans et judéo chrétiens depuis à peine 2000. Ce n'est pas grand chose.
le 31/01/2012 à 10:10
Mère de MiC › mais si tu n'avais écrit que ces trois points, je n'y aurais pas lu tout ça. La solution à la violence du client est peut-être le cadre légal qu'évoque flx. Quant à l'amour libre, non, on en est encore très loin... Sigh... :)

flx › je suis d'accord avec cet avis (même si je manque un peu de peps pour développer cet accord :) ).

Marcoz › bien d'accord aussi, tiens. Mais, au sujet de la proposition, si on est que nous 2, qu'est-ce qu'on fait ? On y va quand même ? :)

Msei B.D. › notre héritage n'est pas le seul à prôner cette supériorité, certes. Mais on peut lui opposer le bouddhisme ou des croyances plus "primaires" chez qui cette supériorité n'a pas de sens.
le 07/02/2012 à 0:33
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